27 février 2012
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Le musée africain des cultures l’Afrique de l’Ouest anciennement le musée des missions africaines, donne carte blanche à C. Angelo Micheli le temps d’une exposition intitulée « Gémellités, Images d’Afrique de l’Ouest »
Musée Africain
150 cours Gambetta
69007 Lyon
04 78 61 60 98
http://www.musee-africain-lyon.org/
C. Angelo Micheli est historien de l’art qui a toujours été intéressé par la notion du portrait d’où l’intitulé de sa thèse "Double et gémellité : une approche de la photographie de studio en Afrique de l'Ouest". Il se bat également pour la protection du patrimoine photographique en Afrique, passé et présent.
Angelo Micheli nous apporte une nouvelle vision de la photographie en collectant des portraits de vrais jumeaux ou non. Il suffit de se pencher sur les Statuettes de jumeaux décédés chez les Yoruba ou les Ewe pour se rendre compte que le sujet est important ! Chaque village avait ses sculpteurs ce qui expliquent leur grandes variétés de style !
Les jumeaux peuvent aussi bien être vénéré que craint. Selon des traditions anciennes les jumeaux possèderaient des pouvoirs maléfiques et cela justifie un rite de passage à leurs naissances. L’Afrique de l’ouest est une zone où se concentrent une forte population jumelle (sans savoir vraiment pourquoi…) ce qui explique un intérêt certain pour le sujet ! Il doit y avoir de la magie dans ce mystères !
Cet historien de l’art de l’Afrique a mené une enquête de terrain au Togo, au Bénin, au Burkina Fasso et au Mali. Ainsi C. Angelo a collecté plus de 300 portraits doubles datant des années 70 à nos jours. Elles ont été trouvé auprès de particuliers ou de professionnels de la photo dont une partie actuellement est présentée au musée de Lyon.
Les premiers clichés réalisés en Afrique sont sans aucun doute été produits par les photographes qui accompagnaient les missionnaires pour réaliser les cartes postales. C’est à leur contacts que des africains ont été formé à l’exercice. Certains sont devenus connu comme Seydou Keita ou Malick Sidibe. Ceci dit la plupart sont restés des petites mains de studio qui sont malheureusement tombé dans l’oubli…
La photo a énormément évolué. On est passé de la photo qui absorbe les âmes à une démarche volontaire de passer chez un photographe !! Ceci dit il y a toujours une petite crainte et c’est pour cela que les modèles réclament les négatifs des photos !!
La photographie est également le moyen matériel d’immortaliser un point dans le temps, d’une fraternité de sang, une amitié etc.
Il y a des studios qui ont proposé une autre alternative de créer un portrait en double de la même personne avec la technique de la surexposition. Peu de studio ont réalisé ce genre de photo car la tâche était trop compliquée. Cela impliquait aussi de nombreux ratés donc une solution onéreuse… Je vois ce genre de photo un peu triste car la personne n’a pas trouvé son double et doit poser seul… La personne le trouvera je l’espère dans l’au-delà ! Le portrait en double me fait penser au doppelganger, tout le monde à son sosie sur terre… et au-delà...
Les photographies en double, que l’on peut découvrir, sont majoritairement des portraits en pied avec le visage de face. La pose est choisie par les modèles, selon leurs envies ou plutôt l’idée qu’ils se font de leurs portraits. La prise de vue est en grand angle sur un fond plutôt coloré avec une lumière forte (comme des lampes cloches). On est donc loin du clair-obscur ! La photo sera montrée à la famille ou à des inconnus donc il faut qu’elle soit réussie !! Sur ces photos il n’y a pas de hasard, tout est contrôlé à l’extrême dans la pose des personnes.
Maitriser de son image. Maitriser ce que les modèlent veulent montrer aux autres. Au travers de l’exposition on pourra se rendre compte que les photographies réalisée en studio se ressemblent comme s’il y a un inconscient collectif se révèle dans l’Afrique. Ainsi on pourrait relocaliser les poseurs uniquement grâce à leurs vêtements, leurs bijoux ou encore les coiffures.
Une chose me surprend : le ca drage. Il y a un soin extrême porté sur la composition des modèles et la photo ne va pas se resserrer sur les personnes. Le photographe va prendre les gens, le fond et tout ce qui devrait être hors du champ de la vue. C’est-à-dire que l’on voit peut voir les bords du fond, le plafond ou encore les lampes. L’attention se porte sur les personnes, le reste importe peu en fait.
Ces portraits à plusieurs sont aussi le moyen de se souvenir d’événements heureux, de réussites, de fêtes religieuses ou non etc. C’est bien des occasions de se faire beau et de revêtir ses plus beaux atouts. C’est donc le moment idéal de se faire prendre en photo avec ses vêtements neufs en general. Le photographe pouvait aussi prêter des vêtements.
Les parures et les accessoires (comme des fleurs, des radios cassettes… j’adore le portrait des Touaregs aux radios casettes) deviennent vite importants car ils vont marquer une identité, une personnalité, une appartenance à un groupe culturel ou encore un niveau social.
Le fait de faire un acte religieux (comme une communion ou une circoncision) peut générer un lien fort et à vie entre deux personnes. Et cela que justifie la volonté de passer voir un photographe. C’est un des aspects très fort et solennel de cette démarche, du portrait en double.
Le jeu évident sur la ressemblance se fait naturellement avec les vrais jumeaux. Dans le cas contraire le photographe va aider à créer de la confusion pour maximiser la ressemblance entre les sujets avec par exemple des « boubous » identiques même si il y a un garçon et une fille sur la photo.
La « gémellité » s’exprime aussi par l’attitude des personnes qui deviennent le reflet de l’autre : La position du corps, des mains ou encore avec expression fermé du visage… C’est une affaire bien sérieuse en fait !
La photo en double est graphique et d’hypnotique, elle nous montre des vrais liens de sang ou des liens spirituels forts. J’espère que je vous ai donné envie de voir les dernières recherches de C. Angelo Micheli.
Un travail intéressant à décou vrir jusqu’au 20 mai 2012 au musée africain des cultures l’Afrique de l’Ouest… Pour plus d’informations reportez-vous au catalogue de l’exposition (10 euros) ou allez écouter C. Angelo Micheli lors de sa conférence le 22 mars de 19h à 21h au musée.